RaïnaRaï Par M. Medjahed |
De la gasba à la Gibson |
La fin des années soixante, à Sidi Bel Abbes, aura été fatale à la musique rock; Basil Session, The Figures, les Jaguars, les Aigles Noirs, grandes ou petites ces formations se disloquent les unes après les autres. Elles n'auront pas résisté a la lamination «hisbiste». Seuls, s'entêtent quelques musiciens issus des Aigles Noirs, qui se regroupent sous le label Basil Session. Lotfi Attar (guitare solo), Hachemi Djellouli (batterie), Tarik Chikhi (clavier) animent ça et là soirée au théâtre local, sur la place publique, dans quelques mariages et dans les boites oranaises à la mode. Au répertoire du groupe les reprises de morceaux cultes succèdent aux reprises. Les derniers adeptes des pistes de danses s'en donnent encore à cœur joie sur les air Chuck Berry, Ray Charles, C. Santana et les derniers slows de l'été. Le nivellement n'aura pas épargné le public qui s'effiloche à son tour. |
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Le nouveau public des dancings composé de paysans fraîchement urbanisés demande des airs plus accessible a son oreille et sa connaissance de la danse. Les comparses de Attar essayent d'adapter quelques air de guasba et des rythmes du terroir. Pédale wah-wah et vibrato vont se mettrent au rythme des tchala, nibli, bambara, laouhida, regada et autres aalaoui se plient aux baguettes de Hachemi. Nos amis passent désormais leurs soirées d'été libre dans les mariages à écouter s'hab essanaa, les hommes du métier comme on disait alors. Le trab (terroir) envahi la ville et marque définitivement le paysage. C'est la genèse du rock-raï... |
Les Enfants de la Balle C'est connu chez nous, la musique ne nourri pas son homme. Basil Session se défait à son tour, Tarik Chikhi s'installe à Paris où il se rend compte que ses anciens compagnons de Sidi Bel Abbes n'ont rien à envier aux meilleurs musiciens de la capitale hexagonale. L'idée d'un groupe au répertoire original bouillonne dans sa tête. Il multiplie les signe vers Lotfi et Hachemi qui n'y croient pas encore. Puis, un beau jour, ces derniers prennent la route de «Bariz» en compagnie de Réda Attar pour aller voir. Escale à Grenoble, une visite à Badsi un ancien ami et musicien s'imposait. Le soir de leur arrivée nos compères dînent dans un restaurant in de la ville, «Les Enfants de la Balle ». Il s'y produisait un trio anglais spécialisée dans la reprise du répertoire des Beatles. A la fin du repas et leur grand étonnement nos amis se voient conviés à un bœuf par les musiciens britanniques. Il faut dire qu'ils se sont fais remarqués en soutenant le rythme une partie de la soirée. De répliques en improvisations, le public leur demande de jouer seuls. |
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Les gars attaquent d'emblée avec Take Five, la salle vibre. Enchaînement avec Black Magic Woman, ça chauffe...ils osent timidement Ya Zina Diri Lataï, c'est le délire. Ce que ne savent pas les bélabésiens, c'est que le trio d'outre manche en était à sa dernière soirée. Le contrat expirait le soir même. Le patron du restaurant engage sur le champs Reda, Hachemi et Lotfi qui resteront deux mois durant à l'affiche des «Enfants de la Balle ». Bien avant de rejoindre Paris ils sont convaincus, au grand bonheur de Tarik Chikhi, qu'ils ont une classe internationale. C'est en 1980 dans la capitale française qu'ils fonderont Raïna Raï (1ère mouture). Une Année plus tard sortira leur premier enregistrement Hagda. La suite est une autre histoire...
Mohammed MEDJAHED |